Edito de la Présidente

Après 13 années d’implication dans le Conseil d’Administration et le bureau de l’Afocg, dont 3 à la présidence, je me retire. Tout au long de ces années, j’ai découvert les réalités de la gestion de cette association et j’ai côtoyé des personnalités intéressantes, à la fois riches sur le plan professionnel et sur le plan humain.

On a tous la volonté de défendre une certaine indépendance des agricultrices.teurs dans leur prise de décision et en même temps d’être respectueux de l’autre, qu’il soit agricultrice.teur, salarié.e ou consommateur.trice. Au travers des partenariats de l’Afocg (GAB, CUMA, Solidarité Paysans, CIVAM, IDELE, GEDA et bien d’autres…), c’est tout un réseau d’hommes et de femmes avec qui les échanges donnent envie d’explorer d’autres solutions pour vivre encore mieux son métier.

Notre association fonctionne avec un Conseil d’Administration et des salariés pour qui l’humain est une valeur essentielle ; l’autonomie de l’exploitant, la transparence en sont d’autres. Il se réunit environ 5 fois par an. En étroite collaboration avec la Direction, nous discutons des décisions à prendre pour « mettre en musique » nos valeurs : produire des services à un coût raisonnable, être transparents et équitables sur les travaux facturés, préparer l’AG sur un thème qui nous semble important, s’entourer de partenaires qui ont les mêmes valeurs pour étoffer l’offre de formation et enrichir la réflexion autour de journées techniques, évoluer (par exemple à l’occasion du passage à AGIRIS) sans rien sacrifier à nos valeurs, bien au contraire…,

Nous avons aussi un moment convivial avant chaque conseil d’administration : un déjeuner partagé, des discussions qui démarrent déjà sur l’un ou l’autre des thèmes qui seront abordés l’après-midi.

Nous disposons à l’Afocg d’une équipe salariée impliquée et bien formée. Le travail n’est pas simple et leur responsabilité est grande, ils doivent se sentir épaulés. La quantité de travail est énorme à certains moments de l’année : clôture des comptes, déclarations fiscales et sociales, fiches de paye, travaux juridiques et de conseils … Les salariés ne comptent pas toujours leurs heures. Former, décider d’embaucher pour mieux respecter la qualité de vie au travail, investir dans des locaux mieux adaptés au métier, … voici des thèmes – et non des moindres – sur lesquels nous élaborons nos stratégies. Si les salariés se sentent bien là où ils travaillent, c’est nous, adhérent.e.s, qui en bénéficions.»

Nadine DEBORDE

Le conseil d’administration et les salariés de l’Afocg tiennent à remercier infiniment et chaleureusement Nadine pour son engagement et son investissement personnel dans la vie associative de l’Afocg.

Le Bureau

La dimension sociale de l’agriculture sur notre territoire

Dans le prolongement de nos éditos d’octobre 2018 « éleveur, un métier d’avenir » et de juillet 2019 « une agriculture vivante », il nous semble opportun aujourd’hui de nous interroger sur la dimension sociale du développement durable en agriculture. En plus d’être économiquement viable, respectueuse de l’environnement et des attentes sociétales, l’agriculture doit aussi offrir des conditions de travail et de vie satisfaisantes et s’intégrer harmonieusement dans son territoire. C’est ce qu’on appelle « la durabilité sociale des exploitations au sein de leur territoire ».

La dimension sociale est une donnée subjective qui concerne l’agriculteur, sa famille, ses salariés, son voisinage, son réseau relationnel sur des thèmes tels que le sens du métier, l’organisation du travail, l’articulation vie privée et professionnelle, la santé au travail. C’est s’intéresser au sens du métier, à ce qui donne le plaisir de travailler au quotidien sur sa ferme en phase avec ses valeurs, à ce qui permet l’épanouissement personnel et professionnel, aux conditions de travail et de vie satisfaisantes.

Mais la durabilité sociale n’est pas restreinte à la seule dimension de l’exploitation. L’agriculture est actrice dans le maintien et le développement du tissu rural : elle participe à la vitalité des territoires ; Elle valorise les patrimoines paysager, architectural et culturel. Des fermes ouvertes aux collègues, aux voisins, aux touristes, aux élèves favorisent les échanges. S’intéresser aux organisations des filières, à la gestion du foncier agricole, à l’extension des zones péri-urbaines, c’est inscrire l’exploitation dans son territoire local.

La richesse de l’Afocg se situe avant tout dans les femmes et les hommes qui composent notre association (adhérents, administrateurs et salariés). Prendre en compte la dimension sociale dans notre accompagnement et nos conseils auprès des adhérents est important. Pour comprendre la trajectoire d’une exploitation agricole (son développement, sa transformation, son évolution), le projet de transmission ou d’installation, le besoin de main d’œuvre, …, l’approche de la durabilité sociale des exploitations au sein de leur territoire est aujourd’hui un élément déterminant de toute réflexion stratégique. Remettre l’humain au centre de la réflexion est fondamental. C’est un regard complémentaire à l’aspect technico-économique dans l’accompagnement des projets. C’est aussi une manière de se réapproprier ce qui fait la richesse de notre métier, et ainsi, participer à l’argumentaire positif en faveur de l’agriculture : élément essentiel pour le renouvèlement des générations.

Ces éléments de réflexion, l’Afocg souhaite que nous les partagions ensemble lors de la prochaine assemblée générale qui aura lieu le mardi 4 février 2020 aux Landes Génusson (85).

L’assemblée générale annuelle de l’Afocg est un moment important dans la vie de notre association. Outre les échanges conviviaux avec les adhérents, administrateurs, salariés et partenaires, c’est l’occasion de dresser le bilan de l’année écoulée et d’exposer les projets et les orientations internes qui feront l’Afocg de demain. C’est aussi notre volonté de continuer à participer activement aux réflexions qui feront l’agriculture de demain.

A vos agendas : réservez le 4 février 2020 pour l’AG de l’Afocg.

Le bureau.

La couverture des aléas en débat

Les principaux syndicats agricoles ont remis à la mi-septembre 2019 au ministre de l’agriculture leurs préconisations pour améliorer les outils de gestion des risques en agriculture. Sans reprendre ou traiter les positions syndicales de chacun, force est de constater que face à l’augmentation des sinistres climatiques, sanitaires, environnementaux et économiques, la gestion des risques en agriculture devient un défi majeur et une urgence à traiter.

Suite à enchaînement des aléas climatiques sur notre territoire national avec des forts épisodes de gel sur les vignobles, la grêle au mois de juin 2019 sur la région Auvergne-Rhône-Alpes, les fortes températures caniculaires de l’été entraînant une surmortalité des animaux et le manque d’eau sur les cultures et prairies, … autant d’aléas qui ont un impact économique et financier négatif sur les exploitations. Tout ceci laisse à penser de prime abord qu’il est primordial pour une exploitation agricole (et pour l’agriculture en général) de se prémunir, de s’assurer contre ces risques. C’est un acte de gestion de bon sens devant permettre de réduire la vulnérabilité d’une exploitation et d’en assurer sa pérennité. Et pourtant de nombreuses exploitations ne se prémunissent pas contre ces risques. Les raisons évoquées mises en avant sont souvent les mêmes : coûts élevés, des franchises importantes, un seuil de déclenchement du niveau de perte trop élevé, des contrats d’assurance peu lisibles, un rapport coût engagé sur indemnisation possible pas attrayant… Nous constatons que les exploitations les moins en difficulté économique et/ou financière sont celles qui s’assurent le plus facilement alors même que ce sont elles qui sont les plus à même de faire face aux conséquences d’un aléa. A l’inverse les exploitations les plus en difficultés se dispensent d’une telle charge au risque d’être pénalisées par la suite et d’accentuer leurs difficultés. Paradoxe !

Souscrire un contrat d’assurance pour un bâtiment contre l’incendie, un matériel roulant contre les accidents, une responsabilité civile contre les dégâts causés à autrui, ne fait pas beaucoup débat : peut-être que le rapport entre le coût de la cotisation et le risque couvert est suffisamment « attractif » pour ne pas remettre en question ce type de garanties ? Ou peut-être que l’obligation ancrée dans nos habitudes suffit à ne pas se poser la question ?

Le ministre de l’agriculture a suggéré de rendre obligatoire l’assurance multirisque climatique (assurance récolte) pour faire face aux catastrophes climatiques : simple principe de précaution budgétaire face au réchauffement climatique ? Stratégie d’effacement du Fonds national de gestion des risques agricoles au profit de l’assurance privée ? Mais rendre obligatoire l’assurance récolte ne permettrait-il pas de mutualiser les risques sur un plus grand nombre et de disposer à terme d’une couverture assurantielle plus durable avec des coûts acceptables (sous réserve de conditions contractuelles plus attractives) ?

A travers la gestion des risques en agriculture, c’est aussi la possibilité de poser des marqueurs de la politique agricole de demain : pourquoi ne pas développer des dispositifs assurantiels ou de fonds de garanties mutualisés incitant aux changements des pratiques agricoles ? Au-delà de l’assurance, sur nos fermes, que pourrions-nous modifier, transformer, faire évoluer dans notre fonctionnement, dans nos habitudes, dans nos pratiques pour diminuer notre vulnérabilité face aux risques et aléas ?

Le Bureau

Une agriculture vivante

On ne travaille plus aujourd’hui en agriculture comme on le faisait hier !

La baisse du nombre d’exploitants agricoles (un quart en moins entre 2000 et 2016), le vieillissement de la population agricole (âge moyen de 52 ans contre 40,5 ans dans les autres secteurs), l’érosion de la main d’œuvre familiale, la réduction de l’entraide entre voisins, le renouvellement difficile des générations, le développement du travail du conjoint à l’extérieur, … ont fait évoluer le travail en agriculture.

L’agriculture se transforme, se réinvente, évolue au quotidien, s’adapte aux évolutions environnementales et aux attentes sociétales. Elle accomplit des tâches qui s’assemblent en un système complexe d’activités au service de la production agricole. Face à la charge de travail, l’agriculture a désormais davantage recours à des prestataires extérieurs (ETA, CUMA, …) et à une main d’œuvre salariée (en direct, par un groupement d’employeurs, par un service de remplacement). Toutes ces évolutions modifient les modes d’organisation du travail. Cette mutation témoigne également de la capacité d’innovation du secteur agricole. Notre agriculture est vivante.
Notre métier d’agriculteur requiert des savoirs multiples tant sur des aspects techniques que commerciaux, financiers, administratifs, sans oublier des qualités humaines et managériales. Cette complémentarité de compétences est, certes, complexe mais particulièrement enrichissante. Pour être en phase avec les évolutions de notre métier, il est nécessaire de rester ouvert sur le monde qui nous entoure, à l’écoute des consommateurs-citoyens, d’être curieux des innovations, de se former, d’échanger auprès de groupes, de se tenir informé…

Ce bulletin d’informations du mois de juillet consacre des articles sur les actualités sociales. Aujourd’hui, même si c’est compliqué, l’agriculture recrute. N’oublions pas qu’être employeur de main d’œuvre ça ne s’improvise pas. Employer un salarié, c’est mobiliser dans l’action de multiples compétences : recruter, organiser, communiquer, déléguer, responsabiliser, faire confiance, contrôler, fidéliser…

C’est également appliquer la réglementation et les lois liées au travail. Employer un salarié, c’est surtout une aventure humaine au service d’une agriculture vivante.

Le Bureau.

Administrateur : pourquoi pas moi ?

L’Afocg est un centre d’expertise comptable sous forme associative. En tant qu’Association, la gouvernance est assurée par des élus administrateurs en collaboration avec l’équipe de direction. L’administrateur a un rôle central : il gère et arbitre les intérêts de chacun, adhérents et salariés, dans un esprit de conciliation et d’intérêt général. Denis* témoigne : « Les administrateurs ont pour rôle de faire un lien entre les adhérents et les salariés. Nous sommes acteurs dans les décisions quant à la gestion de la direction de l’association. Je peux dire que c’est un conseil où chaque personne donne son point de vue et rien n’est décidé par un petit groupe par avance ». Jean-Louis* nous dit : « L’intérêt c’est de participer aux décisions».
Devenir administrateur d’une association, c’est s’impliquer dans la conduite même du projet associatif : définir la vision d’ensemble de l’Afocg, ses finalités et ses valeurs essentielles, les principes qui doivent la guider et comment l’association compte arriver à ses buts, c’est-à-dire les moyens à mettre en œuvre. Mais être administrateur, c’est aussi un accomplissement personnel, un moyen de développer ses qualités et ses compétences au service de l’intérêt général. Nadine* témoigne : « Etre administratrice c’est se sentir utile en participant à la gestion d’un organisme essentiel à la vie de l’exploitation en matière de comptabilité, juridique, formations, études prévisionnelles, données statistiques, … ».

Le pivot de la gouvernance est fondé sur l’humain : les relations humaines font que le système fonctionne. L’assemblée générale, les réunions du Conseil d’Administration et du Bureau, les rendez-vous administrateurs-salariés sont des temps de rencontres privilégiés où les discussions, les échanges sont sources de réflexion avant de prendre des décisions. Ce sont également des temps de partages où chacun peut se nourrir de l’expression de l’autre. Vincent* témoigne : « Etre administrateur offre des avantages à savoir de sortir de son cadre habituel, de sa routine ; d’échanger des points de vue différents avec d’autres membres du conseil ; d’avoir une ouverture d’esprit ; de prendre la parole en public ». Denis* ajoute : « ça permet de réfléchir à d’autres sujets que son quotidien sur sa ferme, de rencontrer d’autres agriculteurs et confronter des points de vues divergents ». Le conseil d’administration est représentatif des adhérents de notre association avec tous les types de systèmes représentés sur les 2 départements du Maine et Loire et de la Vendée.

La qualité du fonctionnement associatif repose également sur une connaissance et une confiance mutuelles entre dirigeants bénévoles, l’équipe de salariés et les adhérents. Dans le rapport d’orientation voté lors de l’Assemblée Générale du 08/02/2019, il est dit : « La richesse de l’Afocg se situe avant tout dans les femmes et les hommes qui composent notre association (adhérents, administrateurs et salariés) ». C’est la valeur ajoutée réelle de notre association dans son fonctionnement quotidien. En outre, l’Afocg a toujours comme objectif de maintenir un service de qualité, dans sa nature comme dans ses valeurs : autonomie, convivialité, anticipation, solidarité…, et de permettre à ses adhérents de rester « maître » de ses chiffres et de ses décisions. Les administrateurs sont les garants de ces orientations principales.

Aussi, comme toute association, le renouvellement et/ou le renforcement des membres élus représente donc un enjeu majeur pour l’avenir de NOTRE association. Chaque adhérent est légitime pour se présenter comme administrateur permettant ainsi la vigueur du projet associatif, sa lisibilité et sa capacité à se renouveler. Et vous, y avez-vous pensé ? Laissez-vous tenter par un engagement « qui permet d’apporter sa contribution à faire vivre cette association de comptabilité somme toute particulière » conclut Mathieu*.

*Administrateur de l’Afocg

PAC : changer de cap ?

Le bilan de la politique agricole européenne post 1992 n’est pas flatteur. La dérégulation des marchés a « lâché » les exploitants agricoles dans un océan tumultueux. Certains en ont largué les amarres. Et sur le plan environnemental, difficile de changer ses pratiques quand on est au creux de la vague. D’autant plus qu’en Pays de la Loire le niveau d’aides découplées est historiquement élevé par hectare mais faible par actif et que nombre d’aides environnementales sont inaccessibles en raison des zonages.

Demain, la PAC post 2021 pourrait être le mur d’eau à affronter avec un radeau : baisse drastique des aides (- 16 % en euros constants … alors qu’aujourd’hui, elles forment presque la totalité du revenu agricole), des aides découplées restant la base du 1er pilier et qui seraient peintes en vert pâle pour être « OMC-compatibles » …

L’Europe semble seule à poursuivre une politique ultra-libérale au nom de la vocation exportatrice de l’agriculture. Ailleurs, les Etats-Unis, la Russie ou la Chine par exemple, renforcent tous leurs politiques agricoles : certains développent leurs aides agricoles contracycliques, d’autres renforcent les outils de gestion de crise, de maîtrise de l’offre, d’un meilleur partage de la valeur ajoutée, … Hélas, ces grandes puissances économiques n’ont pas de penchant pour la préservation de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique. Y aurait-il incompatibilité entre politiques agricoles volontaristes et protection des ressources naturelles ?

Les tensions sont vives entre les différentes grandes puissances mondiales : Chine et Etats-Unis sont montés sur le ring et s’affrontent. C’est peut-être là une chance pour l’Europe de reprendre sa boussole et de changer de cap. Ne faudrait-il pas arrêter d’exposer nos entreprises aux prix bas du dumping international où seuls les rapports de force entre géants mondiaux font loi ?

Lors de notre Assemblée Générale du 8 février 2019, Mr COURLEUX, Directeur d’études à Agriculture-Stratégies estime que « réorienter la PAC suppose de revenir à l’esprit originel du fonctionnement de l’Union Européenne, en assumant à nouveau les objectifs de sécurité alimentaire, de stabilisation des marchés et de relèvement du revenu des paysans, tout en y ajoutant celui de la transition environnementale et énergétique ».

A la veille d’élections européennes au mois de mai 2019, nous attendons une Europe considérant l’Agriculture comme étant au cœur des enjeux du 21ème siècle et se dotant d’une politique agricole commune ambitieuse, gage d’un avenir porteur d’espoir.

Le Bureau

PLANTER DES OLIVIERS EN PAYS DE LA LOIRE ?

Faire face au changement climatique et aux autres préoccupations environnementales, produire suffisamment de nourriture pour répondre à la demande, le tout dans des conditions sociales et sociétales acceptables, voilà un sacré défi que doit relever le monde agricole !

L’impact du changement climatique est déjà sensible sur l’agriculture. Nos systèmes agricoles exigeants en eau souffrent des sécheresses successives ; la quantité et la qualité des fourrages, ou des céréales, sont affectées par le stress hydrique, l’excès de température ou l’excès d’eau ; les calendriers culturaux sont chamboulés par les épisodes de pluie, de sécheresse ou de chaleur ; la gestion des stocks fourragers est épineuse ; les animaux souffrent pendant les canicules et plusieurs semaines après… Ces années-là ne sont plus exceptionnelles.

Sur le dernier siècle écoulé, le réchauffement climatique observé (de + 0,6°C à + 1°C) équivaut à un déplacement de la température moyenne vers le Nord de l’ordre de 180 km ou en altitude de l’ordre de 150 m. D’ici 2050, la Terre pourrait voir sa température moyenne s’accroître de 2°C avec une augmentation importante des événements climatiques extrêmes (canicules et sécheresses estivales, précipitations hivernales intenses, etc…).

Chercheurs, techniciens spécialisés, exploitants, … réfléchissent aux solutions pour adapter l’exploitation aux conséquences des modifications climatiques. Semer plus tard ses prairies et ses céréales d’hiver, faire des rotations de cultures plus diversifiées, faire pâturer plus tard en saison, choisir des variétés résistantes à la sécheresse, aérer et ventiler ses bâtiments, améliorer ses pratiques d’irrigation, … Mais à plus long terme, ne faut-il pas aussi entrevoir un déplacement géographique des systèmes de production vers le Nord, une relocalisation différente des productions sur nos territoires, la plantation d’oliviers en Pays de la Loire ?
Si l’agriculture contribue au changement et dérèglement climatique, rappelons que c’est aussi l’un des rares secteurs porteurs de solutions. Certaines pratiques agricoles participent à la limitation des gaz à effet de serre et répondent plus généralement aux préoccupations environnementales et sociétales. Sont-elles vivables sur le plan économique ? Les politiques agricoles passées ne les ont pas forcément encouragées, celles de demain seront-elles moins généreuses encore ?

En 2010, la FAO (connu en France comme l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) a défini l’agriculture climato-intelligente comme une « agriculture qui augmente la productivité et la résilience (adaptation) des cultures de manière durable, favorise la réduction/élimination des gaz à effet de serre (atténuation), améliore la sécurité alimentaire nationale et contribue à la réalisation des objectifs de développement du pays ». S’adapter, aller de l’avant plutôt que subir et tirer profit des changements climatiques pour revaloriser le bon sens, les bonnes pratiques, l’agroécologie.

Pour préparer l’agriculture de demain, quelles sont les conditions d’adaptation des pratiques, des modèles agricoles et des aides publiques pour répondre aux enjeux climatiques et environnementaux ?

Ces éléments de réflexion, l’Afocg souhaite que nous les partagions ensemble avec vos expériences et vos témoignages lors de notre prochaine assemblée générale le vendredi 8 février 2019.

Le Bureau

Éleveur, un métier d’avenir

Pour de nombreux territoires, l’Elevage reste une activité essentielle tant sur le plan économique que par son rôle déterminant dans le patrimoine culturel, paysager, gastronomique et environnemental. La France est une terre d’Elevage dont les métiers maillent et animent le territoire. L’Elevage est un socle important de production alimentaire pour les Français et un secteur créateur d’emplois.

Les filières de l’Elevage regroupent un large panorama de métiers : des éleveurs (producteurs de bovins, caprins, ovins, équins, porcins, volailles, …) aux bouchers en passant par les commerçants en animaux, les abattoirs, les transformateurs, les vétérinaires, etc… sans oublier tous les prestataires de services et autres acteurs économiques. Une filière agricole qui est source d’emplois et actrice à part entière de l’économie française. Pour que cette filière vive, le maillon essentiel reste l’éleveur.

Il y a un potentiel d’avenir dans l’Elevage en France et dans le métier d’éleveur. L’Elevage est face un défi de renouvellement de génération d’éleveurs : 1 éleveur sur 2 sera en retraite dans les 10 ans à venir. Il y a donc des places à prendre !

Face à la mondialisation, on a pu craindre que les liens entre élevages et territoires se distendent. Or, il n’en est rien et l’Elevage est bel et bien ancré dans nos territoires ruraux. Il contribue à l’attractivité des campagnes et crée un imaginaire positif dont bénéficient d’autres secteurs d’activité tels que l’artisanat ou le tourisme. Il répond aux besoins des citadins en vacances, des nouveaux résidents en recherche de nature et des consommateurs en attente de retrouver du lien social et du sens à leur mode d’alimentation.

Etre éleveur c’est gérer une exploitation ; c’est exercer des missions quotidiennes variées ; c’est être autonome dans les prises de décisions ; c’est travailler et préserver un patrimoine vivant ; c’est préserver son environnement et la biodiversité ; c’est valoriser des produits de qualité ; c’est concilier des exigences de rentabilité économique et financière ; c’est un métier qui ne manque pas d’innovations ; c’est valoriser des paysages ; c’est être acteur sur son territoire ; c’est développer des compétences multiples tant en savoir-faire qu’en savoir-être ; c’est faire connaître son métier aux générations futures et aux consommateurs-citoyens ; …

Pour nous paysans-éleveurs, l’enjeu est de réussir à rendre nos fermes plus attractives, plus transmissibles, plus en phase et à l’écoute des évolutions sociales et sociétales. Il est également de notre devoir d’agir et d’interpeller nos élus sur l’importance d’une politique agricole véritablement porteuse d’un avenir pour l’Elevage, dans toute sa diversité.

Le Bureau

Loi EGALIM et PAC post 2020

Des changements probables à venir et beaucoup de questions.

Suite aux états généraux de l’alimentation en décembre 2017, l’Assemblée nationale vient de voter en première lecture le projet de loi « EGALIM » : loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable.

Les objectifs recherchés sont multiples : assurer la souveraineté alimentaire de la France ; promouvoir des choix alimentaires pour la santé et respectueux de l’environnement ; réduire les inégalités d’accès à une alimentation durable et de qualité. Projet ambitieux dans ses objectifs mais qui suscite de vives réactions au final : les paysans sont partagés entre espoir et inquiétudes ; des associations environnementales dénoncent le manque d’ambition de la loi (report de l’interdiction du glyphosate) ; des consommateurs-citoyens restent interrogatifs sur l’efficacité des mesures annoncées par rapport aux conclusions des états généraux de l’alimentation…

Le texte s’attaque à des sujets très variés à la fois économiques (revenu des agriculteurs, guerre des prix, relations commerciales) et sociétaux (utilisation raisonnée des phytos, poids de la bio dans l’alimentation collective, bien-être animal). En termes de relations commerciales, l’évolution principale est actée dans les 3 premiers articles de la loi qui visent à inverser le processus de fixation des prix payés aux agriculteurs en s’appuyant sur les coûts de production (émanant d’indicateurs diffusés par les interprofessions secondées par l’Observatoire de la formation des prix et des marges et France Agrimer ) et par la contractualisation. Est-ce suffisant pour inverser le rapport de force entre agriculteurs et industriels, entre agriculteurs et distributeurs ? Inévitablement la loi introduit des contraintes supplémentaires comme la séparation des activités de vente et de conseil sur les phytos, ou la suppression des remises, rabais et ristournes sur ces produits. Ne faudrait-il pas se doter de moyens supplémentaires pour accompagner et former les exploitants dans une transition agro-écologique majeure ?

En ce qui concerne la PAC, la Commission européenne présente son projet de réforme pour les dix ans à venir comme « Une politique agricole commune plus moderne, plus souple, plus efficace, plus écologique ». Sur le papier l’ambition est alléchante mais dans les faits, la situation est beaucoup plus complexe : budget en baisse de 15 % ; suppression du paiement vert en tant que paiement isolé bien identifié pour mettre sur pied une nouvelle conditionnalité des aides ; donner davantage de pouvoirs aux Etats membres (même si les objectifs restent définis au niveau de l’UE) ; plafonnement limité des aides ;…

Ce projet de la PAC post 2020 suscite de légitimes interrogations : la volonté de simplifier la PAC ne s’appliquera-t-elle pas uniquement à la Commission européenne par son désengagement au profit des Etats membres ? Quelles seront les conséquences économiques réelles sur les exploitations de la réduction du budget de la PAC ? La souveraineté et la sécurité alimentaire à l’échelle européenne comme nationale seront-elles assurées à long terme avec ce projet de la commission ? Sans opposer les modèles agricoles, cette vision de la PAC post 2020 permettra-t-elle de limiter notre empreinte sur l’environnement pour les générations futures ?

Ces nouvelles législations auront des influences sur la gestion de nos exploitations agricoles et sur les choix stratégiques que nous ferons en tant que paysan.

Le Bureau

 

Politiques agricoles : quelles orientations ?

Le 29 novembre 2017, la Commission européenne a donné le coup d’envoi des discussions sur l’avenir de la Politique Agricole Commune au-delà de 2020. La PAC constitue l’outil réglementaire et budgétaire essentiel pour orienter et accompagner l’agriculture. Aujourd’hui, le modèle agricole mis en œuvre pendant des décennies est de plus en plus remis en cause, y compris par la cour des comptes européenne. Coûteuse, inefficace la PAC ? Elle a permis d’augmenter la production agricole mais pas d’échapper aux crises et à la désertification des zones rurales. Elle ne permettra pas non plus de répondre aux nouveaux enjeux de développement rural. Les consommateurs citoyens sont toujours plus en attente d’un modèle agricole vertueux… tout en souhaitant un impact très limité sur les prix des denrées alimentaires qu’ils consomment : paradoxe mais réalité à prendre en compte !

Nous sommes pourtant fortement attachés à la pérennité d’une politique agricole commune. Mais comment la faire évoluer pour mieux répondre aux défis de sécurité alimentaire, aux attentes des consommateurs et des citoyens (paysages, biodiversité, bien-être animal, …) ?

Mieux l’adapter aux contextes locaux en matière de choix et de modes de production est une piste. En effet, les bassins d’élevage de montagne n’ont pas les mêmes réalités et enjeux que celles des plaines céréalières. Il en est de même entre les Marais et le bocage Vendéen ou Angevin. Il n’est pas question d’opposer les territoires, mais de valoriser leurs atouts.

Respecter des pratiques agro-écologiques est un impératif aujourd’hui. Dans cette optique, pourquoi ne pas faire évoluer les MAEC, mesures agro-environnementales et climatiques, pour accompagner les agriculteurs vers des systèmes de productions plus diversifiés et plus résilients face aux changements climatiques ? Il s’agirait ainsi de dépasser la seule logique actuelle de compensation des surcoûts et/ou des manques à gagner liés à la mise en œuvre de pratiques vertueuses, pour parvenir à une véritable rémunération incitative des services rendus à la préservation des écosystèmes.

Cependant, la PAC n’est pas la seule politique publique qui concerne l’agriculture et les filières agroalimentaires. Dans différents domaines, les mesures adoptées par les pouvoirs publics (fiscalité, social, énergie, foncier…) peuvent avoir un impact positif ou négatif sur ce secteur d’activité. La réforme globale de la fiscalité agricole lancée le 16 février 2018 par le gouvernement français est un enjeu majeur pour accompagner les évolutions de notre agriculture : favoriser la « valeur ajoutée » des exploitations en termes d’efficacité économique, mais aussi agro-écologique et pourquoi pas en terme d’emploi.

Pour autant, il ne faut pas attendre des politiques publiques plus qu’elles ne peuvent apporter. Il est primordial de dépasser les oppositions entre les différents modèles agricoles, entre agriculteurs et société, pour construire ensemble des solutions bénéfiques à la fois aux paysans, aux territoires, à l’environnement, aux citoyens.

Le Bureau