Agriculture et énergies renouvelables

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) ont montré le 12/01/2021, en concluant un accord de collaboration, leur détermination constante à accélérer le déploiement des technologies liées aux énergies dans les fi lières du secteur agroalimentaire, de l’agriculture, de la pêche et des forêts, ainsi que la transition vers des bioénergies durables.

Au titre de cette collaboration renforcée, la FAO et l’IRENA se donnent pour objectifs :

  • D’approfondir et d’affiner les connaissances relatives aux liens qui existent entre l’énergie, l’alimentation et l’eau,
  • Et de stimuler les efforts conjoints dans le cadre de projets et d’activités. Cela passe notamment par le renforcement des capacités, l’échange de connaissances, la formulation d’avis sur mesure concernant les politiques et la mise en place d’initiatives de financement.

Par ailleurs, cette collaboration aidera les pays à réaliser leur potentiel dans le domaine des bioénergies durables, à planifi er leur transition énergétique et à établir des stratégies de neutralité en matière de gaz à eff et de serre.

L’Agriculture est actrice du développement des énergies renouvelables. En 2015, une étude de l’ADEME a mis en évidence que les exploitations agricoles produisaient autant d’énergies renouvelables qu’elles consommaient des énergies conventionnelles. La contribution des fermes dans la transition énergétique en cours prend plusieurs formes :

  • La production, l’autoconsommation et la vente d’électricité (photovoltaïque, méthanisation),
  • La production et la vente de biomasse pour la production d’énergies renouvelables (cultures pour les biocarburants et la méthanisation, bois pour la chaleur),
  • La mise à disposition de surfaces pour l’installation d’éoliennes ou de panneaux solaires,

 

En fonction des situations, pour nos fermes, produire de l’énergie renouvelable :

  • Est une source de revenus complémentaires avec des contractualisations de longues durées,
  • Permet de gérer les effl uents d’élevage,
  • Favorise la production d’éléments fertilisants (digestat) engendrant des économies d’azote,
  • Autorise le financement de bâtiments agricoles via le photovoltaïque,
  • Rend des services agro-écologiques pertinents notamment pour la protection des sols, de l’eau et de la biodiversité.

Comme toutes opportunités, les énergies renouvelables ont leurs zones d’ombre, de menaces. Les nombreuses oppositions aux projets éoliens ou méthaniseurs montrent que ce sujet est clivant. Force est de constater que certaines unités, trop dépendantes des cultures (méthaniseurs) ou causes de pollutions accidentelles (destruction d’éolienne suite à un gros coup de vent) jettent le doute et les critiques sur la filière.

Produire du maïs (irrigué à partir de réserves d’eau financées en partie par des subventions publiques) pour alimenter un méthaniseur est une menace réelle pour l’Agriculture : la production d’énergie ne doit pas entrer en concurrence avec la production alimentaire et de fourrages au risque d’incidences à terme d’inflation sur le prix des terres agricoles, d’inflation du prix de la paille, de concurrence sur la disponibilité de l’eau pour des cultures à destination alimentaire, etc…

Autre exemple, la destruction accidentelle d’une éolienne suite à un coup de vent dans le sud Vendée interdit l’utilisation des terres agricoles dans un rayon de 600 mètres tant que la zone n’aura pas été intégralement nettoyée : pas de productions agricoles possibles ou d’interventions sur les sols sur cette zone pendant ce temps.

Concernant le photovoltaïque, le recyclage des matériaux utilisés dans 10, 15, 20 ans quand ces panneaux seront en fi n de vie, sera une problématique à traiter avec attention pour éviter tout impact sur l’environnement. Quant aux projets de panneaux photovoltaïques au sol, ils consomment de la surface agricole. Si ces projets au sol ne sont pas associés à de l’élevage de
ruminants par exemple pour valoriser l’herbe, la production d’énergie non fossile va dans ce cas à l’encontre de la production agricole.

Pour autant, Oui, l’Agriculture occupe un rôle primordial dans la transition énergétique et doit continuer à être actrice de ce mouvement.

Produire de l’énergie renouvelable est une opportunité indéniable pour l’Agriculture. Mais ce déploiement ne doit pas se faire au détriment de fondamentaux : des unités de productions à taille humaine ; la prise en compte du voisinage lors de la mise en place d’une unité de méthanisation, d’un parc éolien, afin que ces projets soient supportables et acceptés ; la ferme doit rester transmissible ; tout prélèvement d’eau pour irriguer des cultures destinées au méthaniseur doit être interdite ; la destination de l’énergie produite doit être autant que possible liée à une consommation durable et locale ; l’agroécologie doit rester compatible avec tout projet ; …/…
N’oublions pas que toute unité d’énergie non consommée est bien plus valorisante d’un point de vue économique, agroécologique, pour le climat et l’avenir de la planète que celle produite à base d’énergies renouvelables !