Gestion des risques : un autre regard

Lors de sa venue au rassemblement organisé par les Jeunes Agriculteurs dans les Alpes-de-Haute-Provence le 10 septembre 2021, le président de la République a indiqué les contours de la réforme de l’assurance récolte et de la gestion des risques.

Souscrire un contrat d’assurance est par nature de l’anticipation et de l’action. Anticiper et Agir, deux verbes portés par l’Afocg depuis ses origines en décembre 1972.

Même performante économiquement, toute entreprise quelle que soit son domaine d’activité, sa taille, son organisation, ses ressources humaines, son régime juridique – fiscal – social, demeure par nature fragile. L’agriculture n’échappe pas à ce constat. Qui plus est, l’interaction avec le milieu naturel et la gestion du vivant accentuent cette fragilité potentielle dans un cadre économique incertain.

Mais gérer des risques en agriculture ne signifie pas uniquement souscrire des contrats d’assurance. La gestion d’une exploitation agricole pour la rendre viable, vivable, transmissible, pérenne, … est une affaire complexe. Ne pas prendre de risques en agriculture est illusoire mais en réduire les impacts est possible. Il s’agit le plus souvent de rendre le risque supportable pour poursuivre avec sérénité son activité.

Moins l’exploitation est sensible aux aléas climatiques ; moins elle est dépendante du marché mondial ; moins son résultat économique est lié au niveau des aides agricoles ; moins sa taille est disproportionnée par rapport au travail fourni ; moins la gestion des ressources humaines est un frein au quotidien ; moins la transmission patrimoniale est contraignante ; moins son niveau d’endettement financier est important ; etc… ; plus les risques diminuent !

La question fondamentale est la gestion à long terme des risques sur nos fermes dans un contexte de mutation profonde du secteur agricole et d’aléas climatiques exponentiels. Aussi, dans nos fermes, ne devons-nous pas avant tout réfléchir à notre système d’exploitation sur lequel nous avons la capacité d’agir plutôt que de transférer la gestion des risques à autrui ?

Sans sous-estimer les contraintes de chaque ferme et les fréquents parcours semés d’embûches, de nombreux risques agricoles peuvent être limités dès lors que l’on se pose, que l’on analyse les forces et faiblesses – atouts et contraintes de sa ferme, que l’on réfléchisse sur les solutions simples et rapides à mettre en œuvre à court terme tout en affinant sa stratégie à long terme. Puis agir. L’idée principale est d’optimiser au maximum sa propre couverture des risques. Puis souscrire des assurances pour le reste en privilégiant ce qui peut avoir un impact fort sur la pérennité de la ferme. Et surtout ne pas oublier la couverture du risque prioritaire : les femmes et les hommes qui travaillent sur les fermes !

Le bureau

L’emploi agricole : un enjeu de territoire difficile à pourvoir

L’agriculture est une activité socle en zone rurale ainsi qu’un des facteurs d’attractivité et de développement pour d’autres activités économiques.

L’activité agricole contribue à plusieurs fonctions dans les territoires ruraux : production et approvisionnement en biens alimentaires, forestiers et énergétiques accessibles aux habitants des territoires urbains et ruraux ; qualité de l’environnement par la gestion de la biodiversité, de l’espace et du cadre de vie; création et maintien d’emplois localisés, notamment sur les fermes et dans des entreprises agroalimentaires de notre Région des Pays de la Loire.
Les Français ont une image positive de leur agriculture. C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé par BVA du 13 au 24 mai 2021 : ils sont 85 % à estimer que les agriculteurs sont essentiels pour le pays et sa population et 77 % reconnaissent leur rôle positif pendant la crise de la Covid 19. Plus de la moitié des Français interrogés (52 %) considèrent de façon favorable l’évolution de l’agriculture, en particulier le développement des circuits courts (74 %), la traçabilité (68 %) et la qualité des produits alimentaires (60 %).
Deuxième employeur de France, l’agriculture est un secteur riche en opportunités d’emplois. Le secteur recouvre plus de 100 métiers et environ 1 million de salariés toutes filières confondues.
L’agriculture embauche.
Mais, paradoxalement, la difficulté de trouver des salariés agricoles est réelle. Même pour des emplois temporaires saisonniers (peu qualifiés par nature) de nombreuses exploitations sont en déficit de personnels salariés. Le sujet interpelle les agriculteurs en quête de trouver de la main d’œuvre pour conduire à bien les travaux dans les exploitations. Cette situation est à certains égards en contradiction avec les enjeux liés à la souveraineté alimentaire mise en avant par le Président de la République, la volonté croissante des citoyens-consommateurs de « manger local » et le contexte d’accroissement du chômage en France. La souveraineté alimentaire est abondamment abordée, en revanche, la façon dont elle s’appuierait sur des femmes et des hommes qui travaillent l’est moins !
L’enjeu de l’emploi agricole est crucial pour l’avenir de l’Agriculture au regard de la pyramide des âges et du nombre d’actifs agricoles à la veille de la retraite. Comment attirer de manière pérenne des jeunes dans la filière agricole que ce soit comme exploitant ou salarié qualifié ? Comment mettre en adéquation l’offre d’emplois saisonniers et la demande ? Comment accompagner les employeurs agricoles pour des conditions dignes de travail et d’hébergement ? Comment accompagner et orienter les jeunes dans la voie de la formation agricole ? … Autant de questions que le monde agricole et les politiques doivent s’emparer.
Dans le cadre du plan de relance agricole et forestier, la France s’est doté de 1,2 milliard à utiliser sur les années 2021 et 2022. Constitué d’une vingtaine de mesures, il a vocation à renforcer la souveraineté alimentaire ; accélérer la transition agroécologique pour donner accès à tous les Français à une alimentation saine, durable et locale ; et adapter l’agriculture et la forêt au changement climatique. Restons attentifs pour que l’application concrète de ces orientations favorise l’emploi agricole durable et pas seulement l’investissement !
Dans une note de service du 18 mai 2021 du ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion et du ministère de l’agriculture et de l’alimentation, il est écrit en conclusion : « De manière générale, la résolution des questions qui se posent sur l’emploi agricole doit faire l’objet d’une approche au niveau des territoires (de proximité) avec l’objectif d’une liaison efficace entre représentants de l’Etat, fédérations professionnelles et opérateurs… ». Au lendemain des élections régionales et départementales, interpellons nos élus pour que l’Agriculture demeure une activité économique viable et vivable donc créatrice d’emplois ainsi que la clé de voute de l’aménagement et du développement équilibré de l’ensemble de nos territoires ruraux.
Le bureau

PAYSANNE, AGRICULTRICE D’AUJOURD’HUI

Lundi 8 mars 2021, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, a notamment déclaré : « Merci à nos agricultrices, à nos éleveuses. Elles représentent aujourd’hui une cheffe d’exploitation sur quatre. Il nous faut les accompagner encore plus fortement ».

Aujourd’hui, on ne naît pas paysanne ou agricultrice, on le devient. C’est un choix, avec un vrai statut professionnel. Le développement progressif des sociétés agricoles a permis l’accès aux responsabilités des agricultrices. Leur contribution se répartit sur tous les systèmes de production, avec malgré tout une prépondérance sur les activités ovines, caprines, viticoles, horticoles, maraîchage, gîtes ruraux, fermes auberges… mais les femmes trouvent aussi de plus en plus leur place en production bovine et en grande culture. L’emploi salarié féminin est davantage orienté sur des systèmes spécialisés (horticulture, maraîchage) mais peu développé dans les élevages bovins et en grandes cultures. Aujourd’hui plus de 1/3 des actifs agricoles permanents sont des femmes dont 62 % sont des cheffes d’exploitation, 21% des conjointes et 17 % sont salariées. Comme dans la société française, les jeunes exploitantes sont souvent plus diplômées que les hommes, avec souvent un parcours varié et une approche du métier complémentaire de celle des hommes.

« En production biologique le nombre de femmes ne cesse d’augmenter : un tiers des producteurs bio sont aujourd’hui des femmes et sont en majorité non issues du monde agricole, plutôt jeunes et souvent seules à la tête de leur exploitation », précise la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab).

« Accompagner encore plus fortement » les agricultrices comme l’annonce le ministre, prend tout son sens si elle ne se limite pas à une simple annonce de recherche de parité homme-femme. L’agriculture au féminin s’inscrit pleinement dans l’enjeu majeur de l’installation en agriculture pour remplacer les nombreux départs en retraite des actifs agricoles dans les 5 années à venir. Les politiques agricoles qu’elles soient européennes, nationales, régionales, départementales ou intercommunales doivent accompagner et innover en matière de transmission-installation pour relever le défi, l’urgence d’un avenir viable et vivable possible pour l’agriculture française. Etre une femme n’est pas un frein pour s’installer, mais accéder au foncier et à des fermes au juste prix représentent le défi majeur à relever.

Le milieu agricole doit également prendre conscience des mutations sociologiques en cours en y impliquant les agricultrices, les paysannes. La participation plus grande des femmes dans les orientations agricoles cache pourtant des inégalités. Peu représentées dans de nombreuses instances de gouvernance, leurs attentes spécifiques ne sont pas suffisamment prises en considération alors que les femmes paysannes-agricultrices suscitent le dynamisme et apportent de la modernité au secteur.

Au niveau de la gouvernance de notre Association, même sous représentées au sein du Conseil d’Administration, 2 femmes ont assuré par le passé la présidence de l’Afocg et nous sommes heureux aujourd’hui d’accueillir à la suite de l’Assemblée Générale 2021, deux nouvelles administratrices : Laurence BARON et Mathilde BESSON.

La dimension sociale de l’Afocg à l’épreuve de la COVID-19

Lors de l’Assemblée Générale du 4 février 2020, l’Afocg a réaffirmé son attachement à la dimension sociale de notre Association sur son territoire. Nous continuons de croire en l’importance de l’humain comme l’élément fondamental au cœur de notre fonctionnement, de notre efficacité, de notre développement et de notre pérennité.

Depuis le mois de mars 2020 et les répercussions de la COVID-19, l’Afocg a dû adapter son organisation dans le périmètre des recommandations gouvernementales afin de veiller à la sécurité sanitaire des salariés et des adhérents tout en conservant une permanence de services pour l’ensemble de nos missions et des bureaux ouverts pour garder ce lien de proximité.

Dans ce contexte particulier, la dimension sociale de notre Association est mise à dure épreuve. L’Afocg est prestataire de services, et à ce titre, est confrontée à une obligation de limiter ses activités en présentiel. La limitation des contacts humains directs en vis-à-vis, la réduction des temps d’échanges, le télétravail, le port du masque, … sont autant de barrières sanitaires pour lutter contre le virus mais qui ont parfois des répercussions négatives sur le bien-être, le moral de tout un chacun et entrainent des complications légitimes dans la réalisation de nos missions. L’Afocg mobilise tous ses moyens humains, matériels, logistiques, financiers pour que cette période si particulière puisse être vécue du mieux possible tant pour ses salariés que pour ses adhérents. Chacun doit faire preuve de compréhension et de bienveillance dans ce contexte particulier.

L’Afocg est un centre d’expertise comptable sous forme associative. En tant qu’Association, l’Assemblée Générale annuelle est un moment important où adhérents, salariés, partenaires se retrouvent pour partager un moment convivial et participer aux réflexions qui feront l’agriculture de demain avec les thématiques abordées l’après-midi. C’est un moment phare de la dimension sociale de l’Afocg. Pour autant, dans le contexte sanitaire actuel, le Conseil d’Administration a pris la décision exceptionnelle de ne pas réunir une Assemblée Générale en présentielle en 2021. Elle se déroulera exclusivement à distance sous une forme qui vous sera communiquée et expliquée par courrier. C’est une décision de bon sens mais qui est un véritable « crève-cœur » pour notre association.

Le Bureau de l’Afocg rappelle que la gouvernance de notre association est assurée par des élu(e) s administratrices et administrateurs. Le conseil d’administration est représentatif des adhérents de notre association avec différents systèmes représentés sur les 2 départements de Vendée – Maine et Loire. L’administrateur a un rôle central : il gère et arbitre les intérêts de chacun, adhérents et salariés, dans un esprit de conciliation et d’intérêt général. Devenir administrateur d’une association, c’est s’impliquer dans la conduite même du projet associatif : définir la vision d’ensemble de l’Afocg, ses finalités et ses valeurs essentielles, les principes qui doivent la guider et comment l’association doit avancer, c’est-à-dire les moyens à mettre en œuvre. Mais être administrateur, c’est aussi un accomplissement personnel, un moyen de développer ses qualités et ses compétences au service de l’intérêt général. Aussi, comme toute association, le renouvellement et/ou le renforcement des membres élus représente donc un enjeu majeur pour l’avenir de NOTRE association. Chaque adhérent est légitime pour se présenter comme administrateur permettant ainsi la vigueur du projet associatif, sa lisibilité et sa capacité à se renouveler.

Et vous, y avez-vous pensé ? Laissez-vous tenter par un engagement qui permet d’apporter votre contribution à faire vivre notre association de comptabilité somme toute particulière. N’hésitez pas à venir nous rejoindre et faites-le savoir auprès de la direction de l’Afocg.

Le Bureau

Construisons le monde d’Après

La pandémie de la COVID-19 que nous subissons actuellement tous à notre niveau, impacte nos comportements individuels et collectifs. Comment allons-nous sortir de cette crise ? Si, d’un point de vue sanitaire, les annonces de l’arrivée d’un vaccin dans les prochaines semaines ou les prochains mois et/ou la meilleure connaissance de la maladie peuvent laisser envisager de vaincre la pandémie ou tout au moins de poursuivre une meilleure maitrise par les services soignants, la crise économique et financière est loin d’être terminée. Les aides financières allouées par l’Europe à chaque état membre devront théoriquement être remboursées.

Pour autant, est ce que le « monde d’Après » sera différent ? Pour certains, la crise est perçue comme une parenthèse, la mondialisation perdurera. Pour d’autres, cette crise aura un impact sur les méthodes de travail, mais pas forcément sur les filières et/ou la consommation. Enfin, la crise amplifie certaines tendances sociétales (émergence du produit local, du naturel,..). Dans tous les cas, la crise sera génératrice de changements plus ou moins profonds et durables.

Pour le milieu rural et plus particulièrement les agriculteurs, le « monde d’Après » sera aussi ce que vous souhaiterez en faire. C’est au monde agricole de le rendre différent s’il le souhaite.

Pour les filières agricoles et l’élevage, qu’est-ce que la COVID-19 a changé ? Il est encore précoce de faire des bilans mais des tendances ou affirmations se dégagent, notamment la poursuite du développement des circuits courts et de la Bio sur les exploitations. La performance et la compétitivité demeureront toutefois essentielles dans tous les modèles agricoles.

La COVID-19 met également l’accent sur des contradictions entre le vouloir faire et le pouvoir de faire. Le consommateur ressent de plus de plus le besoin de connaître, de comprendre l’origine du produit, sans pour autant être capable ou vouloir payer le prix rémunérateur au producteur. Dans ce contexte, les agriculteurs ont été forcés de s’adapter, d’innover, de réfléchir à de nouveaux modes de production et/ou de commercialisation.

La future PAC annoncée pour 2023 devra également être un pilier de la relance économique du secteur agricole.

Pour conclure, la soudaineté et l’importance de cette crise montre que la France se doit de disposer d’une filière de production agricole et alimentaire structurée, en capacité de répondre aux besoins. Ce défi passe par le maintien d’un tissu rural encouragé par une politique à l’installation incitative et fédératrice d’agriculteurs performants et innovants. L’humain est au cœur de l’avenir agricole, il faut décomplexer le métier d’agriculteur, le rendre attractif, l’aider à s’adapter aux changements climatiques pour répondre aux besoins alimentaires.

Le Bureau

PAS D’ALIMENTATION SANS JEUNES NI ELEVAGE

La consommation de produits alimentaires plus respectueux de l’environnement augmente chaque année en France dans tous les réseaux de distribution et cette tendance devrait se poursuivre, d’autant plus que les filières de production s’organisent également dans ce sens pour faire évoluer les pratiques.

La montée en puissance de la question alimentaire la situe désormais au cœur des enjeux sociétaux. Pour y répondre durablement encore faut-il que des jeunes s’installent en agriculture ! En France, la population active agricole est passée sous la barre des 3 % de la population active totale (2,8 %). De 2021 à 2027, le nombre de cessations d’activité dans la Région des Pays de la Loire s’élèverait à 1 800 par an en moyenne…

Or, afin de permettre d’exploiter de manière durable les terres agricoles avec des pratiques agro-écologiques vertueuses, il faut du temps et des bras. La main d’œuvre dans le monde agricole doit croître pour répondre aux enjeux du « monde d’après ». La politique de l’installation en agriculture anime des débats : certains appellent à mobiliser massivement les aides financières à l’installation pour favoriser le renouvellement des générations ; d’autres demandent le plafonnement des aides de la PAC pour limiter les agrandissements ; certains veulent juste pouvoir accéder plus facilement au foncier ; d’autres souhaitent un processus d’installation plus simple, plus souple, plus rapide voire plus participatif ; etc…

Outre la politique agricole européenne et sa déclinaison nationale, les Régions ont désormais un rôle et un poids déterminant sur la politique de l’installation en agriculture. Dans les Pays de la Loire, l’objectif du Conseil Régional est de remplacer 65 % des départs en retraite sur la période 2021 – 2027 via notamment un accès simplifié à la Dotation Jeune Agriculteur. Mais est-ce qu’une politique du nombre et celle d’une simplification sont suffisantes pour faire face à l’enjeu du renouvellement des générations et à celui de l’Alimentation ?

L’Alimentation de demain passe nécessairement par l’attractivité du métier d’agriculteur pour inciter les jeunes à s’installer mais aussi par la reconsidération du rôle de l’élevage ruminant.

L’élevage de bovins, ovins et caprins se caractérise souvent par une recherche d’autonomie alimentaire fourragère et protéique importante où la place de l’herbe est prépondérante dans la ration alimentaire. L’élevage de ruminants, par son lien au sol et sa diversité, rend de nombreux services écosystémiques (biodiversité, paysage, stockage de carbone, qualité de l’eau), économiques et sociaux… Ce constat est partagé par la filière viande dans son ensemble et par de nombreuses ONG de protection de l’environnement.

Mais le paradoxe est que les filières Viande (bovins, ovins, caprins viande) survivent avec des résultats économiques anormalement bas depuis des décennies et que très peu de candidats postulent à la reprise de ces fermes ! 47 000 fermes (avec plus de 8 UGB bovins sur la ferme) ont disparu en France entre 2009 et 2019. Fatalité ou résultat de politiques agricoles successives inadaptées ?

En 2017, la production de viande bovine dans les Pays de la Loire était de 247 700 tonnes équivalent carcasse soit 17,4 % de la production nationale, situant la Région au 1er rang au plan national en termes de production. Certes, le PCAE Régional 2015 – 2020 dans son volet élevage avait pour objectifs : la modernisation des bâtiments, le développement d’une démarche agroécologique, l’amélioration de la performance énergétique, l’amélioration de la qualité des produits, la valorisation des liens entre produits et territoires. Pour autant, force est de constater que ce dispositif n’est pas efficient ni suffisant pour inverser la tendance à la désertification de l’élevage de ruminants et de bovins viande plus particulièrement.

Face à ces constats, l’heure est venue pour l’Etat et nos collectivités territoriales d’agir rapidement en menant une politique volontariste d’envergure à la fois pour l’installation et pour que l’élevage de ruminants soit considéré comme porteur d’avenir pour notre alimentation, pour la biodiversité et pour le climat.

Le Bureau

REINVENTONS LA PAC POST COVID-19

Au cœur de cette crise sanitaire liée au coronavirus, l’Afocg tient à remercier l’ensemble des acteurs du monde agricole et en particulier les agricultrices, agriculteurs, paysannes, paysans pour leur formidable engagement quotidien.

Aujourd’hui, il est encore un peu prématuré de tirer toutes les conséquences réelles de l’impact de cette crise sur l’activité agricole. Le confinement des populations affecte la consommation impactant toute la filière agro-alimentaire : une crise de surproduction laitière se précise alors que les rendements laitiers s’accroissent avec le verdissement des prairies ; les agneaux de Pâques ne trouvent pas d’acheteurs ; les premiers fruits et légumes de saison ont du mal à être récoltés ; la filière de volailles sous label est privée de nombreux débouchés traditionnels ; etc.

A l’inverse, force est de constater qu’il y a des effets positifs. La crise sanitaire met en lumière pour les citoyens-consommateurs la nécessité pour un pays tel que la France de disposer d’une filière de production agricole et alimentaire structurée, organisée et en capacité de répondre à ses besoins immédiats sans risque de pénurie. L’agri-bashing a disparu des médias et réseaux sociaux. Avec le confinement, la production locale, de proximité, est plébiscitée par les consommateurs. En parallèle, les initiatives visant à développer les circuits courts s’amplifient : plateformes numériques recensant les producteurs locaux, organisation des acteurs à l’échelle locale, … De nombreuses enseignes de la grande distribution se sont engagées à mettre sur leurs étals les productions locales : maraîchères, produits issus de la pêche, de l’élevage…

Et si l’épidémie de Covid-19 était un accélérateur de transition du secteur agroalimentaire ? N’y aurait-il pas une opportunité à saisir rapidement ? sûrement. Mais ce changement n’a de sens que s’il est porté au niveau européen. La PAC post 2020 a pris du retard. La crise sanitaire est une occasion de revoir le projet de la réforme de PAC sous un nouvel angle. Il est encore temps d’agir pour que la PAC permette notamment :
– De développer des dynamiques locales d’approvisionnement alimentaire,
– D’aider les productions agricoles favorables à une alimentation de qualité et saine,
– De favoriser l’installation de jeunes pour une agriculture dynamique de territoire,
– De se donner les moyens d’œuvrer à la transition environnementale de l’agriculture,
– De mettre fin au libéralisme à tout va par un encadrement des marchés agricoles,

– D’aider les exploitations agricoles qui souhaitent s’adapter pour améliorer leur résistance aux risques sanitaires et climatiques.

Lancer une nouvelle trajectoire de réformes de la PAC qui redonnera à l’Union Européenne sa souveraineté en matière alimentaire, agricole et environnementale est l’enjeu de la PAC POST COVID-19.

Dans l’immédiat, il est avant tout important de réaliser les déclarations PAC 2020 dans les temps. La France a reporté le délai de dépôt du 15 mai au 15 juin pour la déclaration de surfaces. Soucieux d’apporter de l’information pour que vous soyez autonome dans la réalisation de vos déclarations sur TéléPac, l’Afocg continue de vous proposer son numéro « Spécial PAC ». De même, pour les adhérents désireux d’être accompagnés par un conseiller, l’Afocg a adapté les modalités de son accompagnement dans le respect des règles de sécurité sanitaire pour vous comme pour ses salariés.

Le Bureau

Edito de la Présidente

Après 13 années d’implication dans le Conseil d’Administration et le bureau de l’Afocg, dont 3 à la présidence, je me retire. Tout au long de ces années, j’ai découvert les réalités de la gestion de cette association et j’ai côtoyé des personnalités intéressantes, à la fois riches sur le plan professionnel et sur le plan humain.

On a tous la volonté de défendre une certaine indépendance des agricultrices.teurs dans leur prise de décision et en même temps d’être respectueux de l’autre, qu’il soit agricultrice.teur, salarié.e ou consommateur.trice. Au travers des partenariats de l’Afocg (GAB, CUMA, Solidarité Paysans, CIVAM, IDELE, GEDA et bien d’autres…), c’est tout un réseau d’hommes et de femmes avec qui les échanges donnent envie d’explorer d’autres solutions pour vivre encore mieux son métier.

Notre association fonctionne avec un Conseil d’Administration et des salariés pour qui l’humain est une valeur essentielle ; l’autonomie de l’exploitant, la transparence en sont d’autres. Il se réunit environ 5 fois par an. En étroite collaboration avec la Direction, nous discutons des décisions à prendre pour « mettre en musique » nos valeurs : produire des services à un coût raisonnable, être transparents et équitables sur les travaux facturés, préparer l’AG sur un thème qui nous semble important, s’entourer de partenaires qui ont les mêmes valeurs pour étoffer l’offre de formation et enrichir la réflexion autour de journées techniques, évoluer (par exemple à l’occasion du passage à AGIRIS) sans rien sacrifier à nos valeurs, bien au contraire…,

Nous avons aussi un moment convivial avant chaque conseil d’administration : un déjeuner partagé, des discussions qui démarrent déjà sur l’un ou l’autre des thèmes qui seront abordés l’après-midi.

Nous disposons à l’Afocg d’une équipe salariée impliquée et bien formée. Le travail n’est pas simple et leur responsabilité est grande, ils doivent se sentir épaulés. La quantité de travail est énorme à certains moments de l’année : clôture des comptes, déclarations fiscales et sociales, fiches de paye, travaux juridiques et de conseils … Les salariés ne comptent pas toujours leurs heures. Former, décider d’embaucher pour mieux respecter la qualité de vie au travail, investir dans des locaux mieux adaptés au métier, … voici des thèmes – et non des moindres – sur lesquels nous élaborons nos stratégies. Si les salariés se sentent bien là où ils travaillent, c’est nous, adhérent.e.s, qui en bénéficions.»

Nadine DEBORDE

Le conseil d’administration et les salariés de l’Afocg tiennent à remercier infiniment et chaleureusement Nadine pour son engagement et son investissement personnel dans la vie associative de l’Afocg.

Le Bureau

La dimension sociale de l’agriculture sur notre territoire

Dans le prolongement de nos éditos d’octobre 2018 « éleveur, un métier d’avenir » et de juillet 2019 « une agriculture vivante », il nous semble opportun aujourd’hui de nous interroger sur la dimension sociale du développement durable en agriculture. En plus d’être économiquement viable, respectueuse de l’environnement et des attentes sociétales, l’agriculture doit aussi offrir des conditions de travail et de vie satisfaisantes et s’intégrer harmonieusement dans son territoire. C’est ce qu’on appelle « la durabilité sociale des exploitations au sein de leur territoire ».

La dimension sociale est une donnée subjective qui concerne l’agriculteur, sa famille, ses salariés, son voisinage, son réseau relationnel sur des thèmes tels que le sens du métier, l’organisation du travail, l’articulation vie privée et professionnelle, la santé au travail. C’est s’intéresser au sens du métier, à ce qui donne le plaisir de travailler au quotidien sur sa ferme en phase avec ses valeurs, à ce qui permet l’épanouissement personnel et professionnel, aux conditions de travail et de vie satisfaisantes.

Mais la durabilité sociale n’est pas restreinte à la seule dimension de l’exploitation. L’agriculture est actrice dans le maintien et le développement du tissu rural : elle participe à la vitalité des territoires ; Elle valorise les patrimoines paysager, architectural et culturel. Des fermes ouvertes aux collègues, aux voisins, aux touristes, aux élèves favorisent les échanges. S’intéresser aux organisations des filières, à la gestion du foncier agricole, à l’extension des zones péri-urbaines, c’est inscrire l’exploitation dans son territoire local.

La richesse de l’Afocg se situe avant tout dans les femmes et les hommes qui composent notre association (adhérents, administrateurs et salariés). Prendre en compte la dimension sociale dans notre accompagnement et nos conseils auprès des adhérents est important. Pour comprendre la trajectoire d’une exploitation agricole (son développement, sa transformation, son évolution), le projet de transmission ou d’installation, le besoin de main d’œuvre, …, l’approche de la durabilité sociale des exploitations au sein de leur territoire est aujourd’hui un élément déterminant de toute réflexion stratégique. Remettre l’humain au centre de la réflexion est fondamental. C’est un regard complémentaire à l’aspect technico-économique dans l’accompagnement des projets. C’est aussi une manière de se réapproprier ce qui fait la richesse de notre métier, et ainsi, participer à l’argumentaire positif en faveur de l’agriculture : élément essentiel pour le renouvèlement des générations.

Ces éléments de réflexion, l’Afocg souhaite que nous les partagions ensemble lors de la prochaine assemblée générale qui aura lieu le mardi 4 février 2020 aux Landes Génusson (85).

L’assemblée générale annuelle de l’Afocg est un moment important dans la vie de notre association. Outre les échanges conviviaux avec les adhérents, administrateurs, salariés et partenaires, c’est l’occasion de dresser le bilan de l’année écoulée et d’exposer les projets et les orientations internes qui feront l’Afocg de demain. C’est aussi notre volonté de continuer à participer activement aux réflexions qui feront l’agriculture de demain.

A vos agendas : réservez le 4 février 2020 pour l’AG de l’Afocg.

Le bureau.

La couverture des aléas en débat

Les principaux syndicats agricoles ont remis à la mi-septembre 2019 au ministre de l’agriculture leurs préconisations pour améliorer les outils de gestion des risques en agriculture. Sans reprendre ou traiter les positions syndicales de chacun, force est de constater que face à l’augmentation des sinistres climatiques, sanitaires, environnementaux et économiques, la gestion des risques en agriculture devient un défi majeur et une urgence à traiter.

Suite à enchaînement des aléas climatiques sur notre territoire national avec des forts épisodes de gel sur les vignobles, la grêle au mois de juin 2019 sur la région Auvergne-Rhône-Alpes, les fortes températures caniculaires de l’été entraînant une surmortalité des animaux et le manque d’eau sur les cultures et prairies, … autant d’aléas qui ont un impact économique et financier négatif sur les exploitations. Tout ceci laisse à penser de prime abord qu’il est primordial pour une exploitation agricole (et pour l’agriculture en général) de se prémunir, de s’assurer contre ces risques. C’est un acte de gestion de bon sens devant permettre de réduire la vulnérabilité d’une exploitation et d’en assurer sa pérennité. Et pourtant de nombreuses exploitations ne se prémunissent pas contre ces risques. Les raisons évoquées mises en avant sont souvent les mêmes : coûts élevés, des franchises importantes, un seuil de déclenchement du niveau de perte trop élevé, des contrats d’assurance peu lisibles, un rapport coût engagé sur indemnisation possible pas attrayant… Nous constatons que les exploitations les moins en difficulté économique et/ou financière sont celles qui s’assurent le plus facilement alors même que ce sont elles qui sont les plus à même de faire face aux conséquences d’un aléa. A l’inverse les exploitations les plus en difficultés se dispensent d’une telle charge au risque d’être pénalisées par la suite et d’accentuer leurs difficultés. Paradoxe !

Souscrire un contrat d’assurance pour un bâtiment contre l’incendie, un matériel roulant contre les accidents, une responsabilité civile contre les dégâts causés à autrui, ne fait pas beaucoup débat : peut-être que le rapport entre le coût de la cotisation et le risque couvert est suffisamment « attractif » pour ne pas remettre en question ce type de garanties ? Ou peut-être que l’obligation ancrée dans nos habitudes suffit à ne pas se poser la question ?

Le ministre de l’agriculture a suggéré de rendre obligatoire l’assurance multirisque climatique (assurance récolte) pour faire face aux catastrophes climatiques : simple principe de précaution budgétaire face au réchauffement climatique ? Stratégie d’effacement du Fonds national de gestion des risques agricoles au profit de l’assurance privée ? Mais rendre obligatoire l’assurance récolte ne permettrait-il pas de mutualiser les risques sur un plus grand nombre et de disposer à terme d’une couverture assurantielle plus durable avec des coûts acceptables (sous réserve de conditions contractuelles plus attractives) ?

A travers la gestion des risques en agriculture, c’est aussi la possibilité de poser des marqueurs de la politique agricole de demain : pourquoi ne pas développer des dispositifs assurantiels ou de fonds de garanties mutualisés incitant aux changements des pratiques agricoles ? Au-delà de l’assurance, sur nos fermes, que pourrions-nous modifier, transformer, faire évoluer dans notre fonctionnement, dans nos habitudes, dans nos pratiques pour diminuer notre vulnérabilité face aux risques et aléas ?

Le Bureau