… un défi collectif pour un avenir durable
L’agriculture française se trouve à un moment charnière de son histoire. Elle est confrontée simultanément à des défis économiques, sociaux, sociétaux et environnementaux d’une ampleur inédite. Face à cette complexité, la tentation est parfois grande d’opposer les enjeux, de choisir entre performance économique ou transition écologique, entre modernisation ou sauvegarde des modèles traditionnels. À l’Afocg, nous faisons un autre pari : celui d’une modernisation choisie, équilibrée, cohérente avec les valeurs d’une agriculture durable, viable et vivable.
Le monde agricole est sous pression. Les marchés se tendent, les revenus restent instables, les coûts explosent, et les marges de manoeuvre économiques se réduisent. Dans le même temps, les exigences sociétales se multiplient : qualité de l’alimentation, traçabilité, bien-être animal, protection de l’environnement, lutte contre le changement climatique. Tout cela dans un contexte de renouvellement difficile des générations, avec une pyramide des âges inquiétante et une attractivité fragilisée.
Face à ce constat, la modernisation de l’agriculture n’est pas un luxe, ni un simple mot d’ordre politique.
C’est une nécessité vitale. Mais attention : moderniser ne signifie pas s’aligner aveuglément sur des logiques purement techniques ou industrielles. Il ne s’agit pas non plus de nier les réalités de terrain au nom de modèles idéalisés. Il s’agit de faire évoluer les systèmes agricoles pour qu’ils répondent mieux aux enjeux d’aujourd’hui… et surtout de demain.
Moderniser, oui. Mais pour quoi faire, et pour qui ? C’est là que réside la vraie question. Pour nous, cette modernisation doit poursuivre trois objectifs indissociables :
- La viabilité économique, pour garantir l’autonomie, la résilience, la capacité à investir et à transmettre.
- La durabilité environnementale, pour protéger les ressources (eau, sol, biodiversité, climat) dont dépend toute forme de production agricole.
- La vivabilité sociale et humaine, car il n’y aura pas d’agriculture sans agriculteurs et agricultrices, ni sans qualité de vie au travail.
Autrement dit, la modernisation ne doit pas se résumer à une course à la technologie ou à la taille des exploitations. Elle doit se traduire par des outils adaptés, des choix stratégiques éclairés, un ancrage territorial renforcé, et une réinvention du lien entre producteurs, consommateurs et citoyens.
Dans cette transition, les agriculteurs et agricultrices ne doivent pas être laissés seuls face à la complexité.
À l’Afocg, nous savons que la gestion, la formation, l’analyse partagée, l’échange avec son technicien ou conseiller de gestion sont des leviers essentiels permettant à chacun de faire ses propres choix, en cohérence avec son projet, son territoire et ses valeurs. La modernisation ne sera réussie que si elle est appropriée, et non imposée, si elle part des besoins réels des agriculteurs, et non de modèles préformatés.
Cela suppose aussi de repenser les politiques publiques, les dispositifs d’accompagnement, la formation initiale et continue, pour valoriser les initiatives locales, les démarches agroécologiques, les projets économiquement autonomes et socialement installés.
L’agriculture française a besoin de se réinventer sans se renier. Elle a besoin de moderniser ses pratiques, ses outils, ses modèles économiques, sans perdre ce qui fait sa richesse : la diversité de ses fermes, la qualité de ses savoir-faire, le lien avec son territoire, l’engagement de ses femmes et de ses hommes.
Le chemin est exigeant, mais il est aussi porteur d’espoir, à condition de ne pas chercher des réponses toutes faites, mais d’accepter de construire, ensemble, une agriculture qui tienne debout, dans tous les sens du terme.
Le Bureau